31 août 2014

"Rien n'est vrai, tout est permis."


Photo Personnelle // Irlande 2014

Formule attribuée à Hassan ibn al-Sabbah, reprise par Nietzsche et popularisée par le jeu Assassin's Creed, que signifie-t-elle réellement? Un abandon des règles, une remise en question de la Vérité? Ou du pouvoir établi, un appel à se révolter contre ces vérités qui nous empêchent de nous développer?

Au fil de notre vie, nous accumulons des "vérités", ce que Miguel Ruiz appelle "les accords" que nous passons avec nous-même. Ces "vérités" façonnent notre image de la société et de nous-même. Si le prof de musique nous a dit un jour que nous chantions mal, peut-être avons-nous gardé en tête cette certitude que nous sommes mauvais chanteur, sans jamais réessayer. Si notre famille nous a répété au fil du temps que nous étions bêtes, alors nous acceptons notre stupidité comme vérité.

Notre origine socio-culturelle peut nous amener à penser que nous ne sommes pas faits pour certains rêves, certaines carrières, certaines vies. Notre famille, nos amis, notre vie sociale nous ont forgé tout un tissu de "vérités" au fil de notre vie. Et la société, bien entendu. N'est-ce pas une vérité, que l'on a raté sa vie si on n'a pas une Rolex à cinquante ans?

Aujourd'hui, j'ai décidé d'interpréter la formule "Rien n'est vrai, tout est permis" de la façon suivante: toutes ces vérités, ces certitudes, ces "accords", sont des constructions sociales, psychologiques, culturelles. Rien n'est vrai. Par conséquent, tout est permis. Il est permis de prendre des cours de chant même si le prof de cinquième pense qu'on chante mal. Il est permis de s'inscrire à la fac même si sa famille croit que l'on est stupide. Il est permis de réussir sa vie sans acheter de Rolex. Il suffit de comprendre que rien n'est vrai. Alors, tout est permis.

Il ne savait pas que c'était impossible, alors il l'a fait.
- Mark Twain

Si ces "vérités" nous disent qu'une chose est impossible, alors nous serons conditionnés à être certains de notre échec. Du coup, on échoue. Ou, la plupart du temps, on n'essaye même pas. Du coup, on vit nos vies par défaut: métro, boulot, dodo. On s'engouffre dans les carrières de nos parents et on laisse nos rêves mourir à petit feu.

Mais celui qui ne savait pas que c'était impossible a réussi. Parce que rien n'est vrai, tout est permis. Il est permis d'essayer. Cela ne garantit pas d'y arriver. En tout cas, pas du premier coup. Mais il est permis de se lancer. Et avec la certitude que c'est possible, qui sait ce qui arrivera?

Rien n'est vrai...
  • Le succès se mesure par l'argent
  • Si je ne fais pas d'études supérieures, je finirai au chômage
  • Si j'abandonne ma belle carrière/mon boulot, je vais finir à la rue
  • Le travail est plus important que tout le reste
  • Je serai heureux si j'ai une grande voiture, une belle maison et un écran plat
  • Je dois travailler, et progresser sur l'échelle hiérarchique, pour avoir de la valeur
  • Je dois acheter un appartement et m'endetter sur 30 ans pour assurer ma sécurité matérielle
  • Je dois consommer pour aider à relancer l'économie

Tout est permis...
  • De changer de carrière quel que soit mon âge
  • De tout plaquer pour voyager autour du monde
  • De laisser un super boulot en open space pour vivre dans une plus petite ville à la vie plus lente
  • De prendre le temps
  • De raviver des passions profondes: musique, danse, peinture, écriture...
  • De faire passer mon bien-être avant celui de "l'économie"
  • De réussir en dehors des modèles standards de la société
  • De poursuivre mon rêve, aussi fou soit-il
  • De partir
  • De rester
  • D'aimer

[Le capitalisme financier] précipite dans la frénésie des derniers jours consommables et dans l'hystérie de la vie absente ceux qui ont troqué leurs désirs contre une plus-value.
- Raoul Vaneigem

Rien n'est vrai, tout est permis. Nous ne sommes pas obligés de troquer nos désirs contre une plus-value, de sacrifier nos rêves sur l'autel de la Rolex. Tout est permis, qu'est-ce qui vous ferait plaisir aujourd'hui? S'il ne vous restait plus qu'une journée à vivre, comment passeriez-vous votre temps?


Lectures:
Miguel Ruiz, Les Quatre Accords Toltèques
Raoul Vaneigem, Pour l'Abolition de la Société Marchande, Pour Une Société Vivante

2 commentaires:

  1. Merci pour cet article Kali.
    Tu n'imagines pas quelle raisonnance il a pour moi en ce moment :)
    Et c'est vrai que tout est permis. Dans mon cas j'avais une santé fragile étant enfant, du coup je ne faisais jamais de sport (donc du coup j'étais plutôt chétive, logique. Je ne suis pas non plus devenue une brute épaisse depuis ;)).
    Et j'ai commencé à faire du sport quand j'ai quitté la maison familiale. J'ai fait des trucs softs comme du tir à l'arc où j'ai même gagné des compétitions.
    puis à la suite d'ennuis de santé causé par mon travail, j'ai dû arrêter le tir à l'arc. Comme je n'aime pas rester inactive j'ai cherché autre chose et c'est comme ça que j'ai débuté les arts martiaux.
    Si un jour quand j'étais plus jeune on m'avait dit tu feras des arts martiaux je ne l'aurai jamais cru.
    Tout est possible, il suffit de commencer.

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    1. Merci beaucoup pour ce témoignage, je suis contente que cet article trouve une résonance pour toi :)
      C'est vrai qu'on se pose beaucoup de limites à soi-même, c'est super que tu aies eu le courage d te mettre au sport et de faire des arts martiaux aujourd'hui. Mon histoire avec le sport est assez similaire à vrai dire - mon moi d'il y a 15 ans n'aurait jamais cru que je serais capable de courir 15km à 28 ans :)

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