30 mai 2013

Questions d'Education

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Soumise aux pressions des marchés, l’école, de plus en plus délaissée par l’Etat, tend à aspirer les enfants dans une machine scolaire infernale, pour ensuite recracher vingt ans plus tard soit des agents économiquement productifs, soit des ratés. [...]

On ne cherchera pas à savoir ce que l’élève veut faire de sa vie. De toute façon, lui-même n’en sait rien, car bien souvent ni l’école ni la vie de tous les jours ne lui donnent les moyens de savoir ce qu’est un métier, ou tout du moins un métier différent de celui de ses parents. [...]

L’art, la philosophie et la poésie sont des disciplines pleines de sens qui peuvent orienter une vie. Le système scolaire les néglige de plus en plus. [...]

A force de négliger les aspirations de la jeunesse, la société donne naissance à des générations en souffrance, à des adultes qui doutent de plus en plus du sens de leur travail, et il ne faut pas s’étonner qu’un jour ou l’autre, une génération se réveille subitement pour refuser un monde qu’elle n’a jamais eu l’occasion de choisir.



Je me pose de plus en plus de questions sur l'éducation ces temps-ci, son rôle dans l'épanouissement de l'enfant devenu adulte, et dans le formatage que l'on subit dans notre société aujourd'hui. Cet article de Rue 89 m'a beaucoup touchée, parce que je m'y retrouve beaucoup.

On nous dit que nous vivons dans une démocratie et que nous pouvons choisir la vie que nous menons, mais nous sommes sous une pression de réussite et de productivité - le succès scolaire n'est pas l'épanouissement de l'enfant qui a réussi à trouver son talent et sa passion, mais la création d'un adulte productif pour notre système économique.

Et il est vrai qu'enfant, je faisais partie de ces "bons élèves". J'avais de bonnes notes, j'ai même sauté des classes, je comprenais vite et j'étais très curieuse. L'existence même de poèmes écrits lorsque j'avais 8 ans donne un aperçu du type d'enfant que j'étais.

Et que m'a-t-on dit? De faire une filière scientifique, spécialité maths, et de choisir ensuite une carrière me permettant de bien gagner ma vie et de monter "l'échelle sociale". Quid de mes poèmes, mes romans inachevés, mes nouvelles et mes dessins? Relégués au statut de loisirs de week-end.

J'ai eu la chance d'avoir des parents compréhensifs, qui m'ont laissée partir en filière japonais, partir un an à Tokyo et suivre des études qui me plaisaient, mais je travaille dans un open space aujourd'hui, et  il est certain que si j'avais été mieux guidée pendant mon éducation, j'aurais peut-être choisi une voie toute autre...

Pourquoi favorise-t-on certaines matières comme les maths ou la physique, et oublie-t-on tellement de sujets d'apprentissage indispensables au bon développement d'un être humain? Les arts et la philosophie sont un exemple, je me suis également toujours demandée pourquoi il n'y a pas plus d'apprentissage lié au corps ou aux émotions. On nous apprend à compter, mais pas à gérer la tristesse, le sentiment d'abandon, le deuil... On ne nous apprend pas à nous épanouir.

J'ai commencé à regarder des TED talks sur le sujet, et le conférencier de l'une d'entre elles a posé une question très juste: si Shakespeare était né à notre époque, serait-il devenu l'auteur que l'on connait? Ou serait-il devenu employé de bureau sur un open space quelque part, inconnu de tous et frustré de ne jamais avoir pu assouvir sa passion de l'écriture?

Et cela ne concerne pas que les penchants artistiques des enfants. Notre éducation place certains métiers sur un piédestal et en dénigre d'autres, pourtant tout autant utiles à une société humaine. Quelle est la vie du boulanger frustré qui est devenu agent d'assurances pour faire plaisir à la société?

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