Art & Nature, Mai 2014 |
Sois le changement que tu veux voir dans le monde.
Cette semaine, j'ai vu une vidéo édifiante, montrant, en caméra cachée, un homme s'écrouler dans la rue, demander de l'aide, et les gens passer autour de lui sans réagir pendant plusieurs minutes. Intitulée Le poids des apparences: l'individualisme tue l'individu, elle se termine par un autre homme, en costume cette fois-ci, se faire aider immédiatement. Ainsi que la petite phrase: "sois le changement que tu veux voir dans le monde." Voilà qui m'a fait réfléchir.
Ces derniers temps, trentaine approchant peut-être, ou peut-être est-ce le monde de l'open space Parisien, mais je me sens devenir un peu cynique. Le monde n'est pas juste, le monde est cruel, et il serait idéaliste d'espérer quoi que ce soit d'autre de la nature humaine.
Mes réflexions sur le minimalisme ces dernières années n'ont pas arrangé les choses, lorsque l'on prend conscience de la façon dont les travailleurs sont traités en Chine ou au Bangladesh, juste pour produire les merdouilles dans lesquelles nous passons nos salaires pour remplir le vide de nos existences consuméristes.
Même s'il est important de prendre conscience des réalités de ce monde afin d'y être préparé, j'avoue que la "retombée sur Terre" que j'ai pris par la face ces dernières années, apanage de l'âge adulte qui met KO l'idéalisme de la jeunesse, m'ont rendue un peu cynique sur la nature humaine. Je doute de l'avenir de notre civilisation, et je doute de la bonté de la race humaine.
Et je me vois, happée par mes soucis de travail, d'impôts ou de plomberie, passer à côté d'un homme qui, couché par terre, demande de l'aide. Je me vois devenir l'un de ces tristes sires Parisiens qui hausse les épaules face aux inégalités de la société en murmurant "c'est la vie". Peut-on être contaminé par le pire de la société?
En réalité, je pense que tout cela vient d'un sentiment d'impuissance. Lorsque l'on se sent seul face à ce que la société a de plus sombre, on se sent impuissant à changer quoi que ce soit. Mais c'est oublier que le changement vient de nous-mêmes. Bien sûr que l'on ne peut pas changer les autres. On ne peut pas, ici et maintenant, changer la société.
Mais n'est-ce pas encore pire, de s'y résigner? Cette petite phrase m'a rappelé la limite de mon impuissance, et la force qui pourrait mettre KO mon cynisme de la trentaine: "Sois le changement que tu veux voir dans le monde." Je ne peux pas changer la société, mais peut-être puis-je changer ma propre attitude face au monde. Arrêter d'acheter ces merdouilles pour remplir le vide consumériste de mon existence, tendre la main à celui qui, couché par terre, réclame de l'aide.
Clara :
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi, je crois que peu de gens sont réellement indifférents au malheur des SDF (je parle de ça parce que le garçon qui s'écroule en premier fait un peu "clodo"), des gens qui font la manche, des gens qui ont l'air très mal en point sur le trottoir etc. Mais quand il y en a dix par jour... oui, on se sent impuissant. On donne de temps en temps, puis de moins en moins souvent. On voit ce que représenterait ne serait-ce qu'un euro tous les dix mendiants : au moins 10 euros par semaine. Alors on se blinde et on se ment à soi-même en se disant qu'on n'y peut rien.
Sans compter que certains clodos font plutôt peur, sentent très mauvais... on a pitié mais en même temps on ne peut pas s'empêcher d'être un peu dégouté.
Mais après quand une personne a l'élan d'aller vers celui qui en a besoin, souvent cela donne du courage aux autres et se créer un cercle vertueux. Tu as raison, pas de cynisme !!! :)
C'est vrai que c'est particulièrement difficile dans les grandes villes. Je pense que c'est de l'habitude plus que de l'indifférence. On en voit tellement tous les jours, comme tu dis, c'est aussi une façon de se "blinder".
SupprimerJe me suis beaucoup demandée ce qu'on peut faire pour aider ces gens, car effectivement c'est compliqué de donner à chaque personne que l'on croise, puis je ne suis pas sûre que ça change grand chose à long terme. En effet, ne pas devenir cynique pour éviter de se cacher derrière ce cynisme pour ne rien faire est un début. Donner à la hauteur de ses possibilités aussi - par exemple apporter des vêtements et des objets à Emmaus, ou des sachets de pâtes etc. aux restos du coeur. En fait, je crois à la preuve par l'action, c'est pour ça que j'ai beaucoup aimé cette phrase "sois le changement que tu veux voir dans le monde". Comme tu dis, ça peut créer un cercle vertueux, donner du courage aux autres pour faire de même...