L'ironie

Le soleil se lève sur le début du week-end, cette bulle de calme et de repos dans la vie des citadins. Samedi matin, dans mon objectif de ralentir ma vie, et de me relaxer, j'ai prévu quelques activités anti-stress: cours de yoga à 10 heures, massage Balinais à 13h30. Puis passage dans une boutique Zen pour récupérer de l'encens, et fin d'après-midi tranquille autour d'une tasse de thé et d'un livre.

Neuf heures et quarante minutes - je dois me présenter au cours de yoga en avance pour payer mon adhésion et mes séances à venir. Fond de café dans la tasse, posée en hâte au fond de l'évier, tenue de yoga enfilée en quatrième vitesse, chèque en poche, je file à l'association de yoga. Une heure trente de lenteur, d'étirements, de respiration et de pleine conscience. Pleine, réellement? Je dois payer mes impôts avant la date limite, est-ce que j'ai pensé au pain? Combien de temps me faudra-t-il pour me rendre au spa tout à l'heure?

Onze heures trente, je rentre de ma séance de yoga, je passe à la maison en hâte, prépare le repas de midi. J'ai oublié le pain. La petite boulangerie bio de ma rue est fantastique, à part ses horaires - elle ferme à treize heures le samedi pour rouvrir le mardi suivant. Je file acheter une boule de pain pour les trois prochains jours, juste avant la fermeture. J'aurais dû venir plus tôt, il n'y a plus de pain au lin.

Douche, repas, RATP - je suis en retard! Il faut au moins quinze minutes pour me rendre au spa, et j'ai rendez-vous dans... dix minutes. Je me précipite dans le métro, sors en courant. Le Spa m'appelle - j'arrive, je suis à Saint Ambroise. J'en ai pour deux minutes. Treize heures quarante. J'ai dix minutes de retard, je déteste être en retard. La masseuse me rassure, on va détendre tout cela.

Trente minutes de calme pour le corps, massage du dos et des jambes. Une huile à la fleur de frangipanier, quelle odeur divine... Je pense à la suite de mon après-midi. Je dois passer au magasin bio acheter du shampoing, et récupérer de l'encens traditionnel dans la boutique Zen. Le massage est déjà fini? Je reviendrai.

Quelques heures plus tard, j'arrive à la maison, emplettes en main. L'eau est en train de chauffer, le nouvel encens en train de brûler. Alors, cette journée de calme et de détente? Le corps se sent au calme mais l'esprit court toujours. Je verse l'eau chaude dans la théière, ferme les yeux et profite de la senteur douce de l'encens. Je ferais mieux la prochaine fois.

Publié sur les Carnets de la Nife.