"Je ne me suis jamais senti pauvre. Et pourtant, quand Max m'apportait le linge de son père, quand mes copains de classe se cotisaient pour me payer les droits d'inscription au bac, quand plus tard, rue de Rochechouart, je préparais les examens de médecine le soir, près de la fenêtre, à la lumière de la lune parce que je n'avais pas pu payer la facture d'élecricité, logiquement, je devais être pauvre! Dans mon âme, je ne l'étais pas. J'étais riche de mes rêves et du soutien de Dora et d'Adolphe. Quand c'était trop dur, je me réfugiais chez eux à Sannois, dans la banlieue parisienne. Sans un mot, sans un compte à rendre, ils ouvraient leur porte."
-- Boris Cyrulnik, Sauve-toi, la vie t'appelle!
Les notions de richesse et de pauvreté sont si subjectives! Aujourd'hui, dans la société que Serge Latouche appelle de "fausse abondance", nous avons un toit, des vêtements de l'électricité, un accès incroyable à la culture et à la technologie, et pourtant, nous nous sentons pauvres - ou, pas assez riches, pour être plus exact. Il manque toujours ce petit rien de salaire pour avoir un appartement un peu plus grand, ce manteau si joli, cette bougie parfumée hors de prix.
Et je lis Boris Cyrulnik, juif rescapé de la seconde guerre mondiale, qui portait les vêtements donnés par ses camarades et révisait ses cours à la lumière de la lune le soir, mais qui ne se souvient pas d'une période de manque parce que dans son âme, il n'était pas pauvre. Ce n'est pas une bougie Dyptique qui l'aurait rendu plus heureux.
Et je me dis que la notion de manque est si subjective. Doit-on laisser la société nous faire penser que nous n'avons pas assez, alors que nous sommes si privilégiés? Doit-on la laisser nous empêcher d'être satisfaits, alors que nous avons tout pour être heureux? Alors je cherche la richesse dans le quotidien, la famille, les amis, la culture, Paris. Je ne veux pas me souvenir de mes années parisiennes comme des années de manque, alors que j'ai tout ce qu'il me faut pour bien vivre, et plus encore.
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